Carnet de bord, réflexions et informations concernant le Pérou et mon stage de coopération en environnement dans ce pays époustouflant.

Qui sommes-nous?

Tout d’abord, qui sont les « nous »? Eh bien nous sommes deux à partir, soit Guillaume et moi. Nous étudions à la maîtrise en environnement à l’université de Sherbrooke. Dans le cadre de ce programme, nous devons faire un stage obligatoire dans le domaine de l’environnement. Ce dernier peut être fait au Québec, ou ailleurs. Donc, appréciant la diversité culturelle du monde et étant conscients que nous ne sommes pas seuls sur cette petite boule bleue, nous avons décidé de faire notre stage à l’étranger.

Pourquoi le Pérou?

Il est important de mentionner que nous nous insérons dans un cadre de stage préexistant. En effet, cela fait plusieurs années que des stagiaires en environnement vont au Pérou. Ainsi, nous profitons de plusieurs partenariats déjà établis. À Sherbrooke, nous collaborons avec l’ONG « Carrefour de solidarité international » et cette dernière nous met en contact avec « Ayni Desarollo », une autre ONG, mais péruvienne cette fois. Par conséquent, notre projet permet une continuité avec les stages des années précédentes, permettant ainsi d’aller plus loin qu’un stage international conventionnel, où aucun véritable suivi ne serait effectué.

Que faisons-nous au Pérou?

Plusieurs problématiques ont été constatées par le passé. En collaboration avec l’ONG péruvienne, nous avons établi deux axes de travail :

1- Élaboration et réalisation d’un plan de sensibilisation concernant plusieurs aspects de l’environnement et pouvant toucher la population et les dirigeants locaux.

Les projets sur la table actuellement concernent le compostage et le jardinage, et l’organisation de journées de l’environnement.

2- Beaucoup plus complexe, ce volet inclut le diagnostic, l’analyse et les recommandations sur l’environnement en milieu fortement urbanisé en zone humide avec résurgence d’une nappe phréatique.

Cela touchera plus précisément la gestion des problèmes causés par la résurgence de l’eau, le manque d’assainissement et de distribution d’eau, de collecte de matières résiduelles non suffisante ainsi que les vecteurs de maladies.

Les chroniques:

Chroniques, réflexions et informations, voilà donc un beau moyen de communication entre vous et moi:

lundi 30 juin 2008

La Coopération – Un espoir?

Pérou, Lima
30 juin 2008

Il y a de ces moments, dans une vie, où l’on regarde au loin et on se dit « Mon Dieu… mais qu’est-ce que c’est que ça! Pourquoi nous en sommes rendus à ce point-ci de la pauvreté humaine et de l’insalubrité? »

Sans bouger et en restant au même lieu, il serait alors possible de tomber à jamais dans l’amertume et le cynisme. Ainsi, penser que tel que les choses évoluent, avec la dégradation de l’environnement qui nous entoure, tout ne pourrait aller que de pire en pire et que l’humanité ira sombrer dans les abîmes, ayant épuisé l’ensemble ses ressources naturelles.

Cependant, le mouvement aidant, la route est traversée de gens différents et ouverts d’esprit. Des gens croyant, eux aussi, que l’opulence d’une partie du monde, poussant l’autre à un dénuement et à une mendicité parfois extrême, doit changer. Voyant toute cette force de vie positive, l’espoir renaît et permet de penser qu’il serait possible un jour qu’effectivement, une évolution s’installe et que la nature soit respectée comme elle le devrait, elle qui supporte la vie sur cette petite Terre.

Ainsi, la coopération internationale, lorsqu’elle n’est pas faite avec l’arrière pensé d’enrichir le pays donateur, mais plutôt dans un esprit d’entraide et justement, de coopération, est un pas vers l’équité dans le monde. Pourquoi l’équité avant la protection de l’environnement? Surtout lorsque l’on considère qu’avec une meilleure équité, les pays moins avancés se développeront et donc, consommeront davantage!

En ce qui concerne l’environnement, la pauvreté est un frein. En effet, qui sommes-nous pour dire « Allez! Ne jetez plus vos eaux usées et vos ordures dans vos rivières, traitez-les, préservez vos forêts vierges pour leur valeur intrinsèque et la biodiversité, cessez d’utiliser le charbon polluant l’air pour cuisiner, et j’en passe », lorsque la majorité lutte constamment pour survivre. Avec une meilleure distribution des richesses et un développement soutenable, réalisé main dans la main entre toutes les nations, il serait tout à fait possible que l’espèce humaine vive bien et ce, ad vitam aeternam!

Bien sûr, cela nécessitera certains sacrifices de la part de la population des pays les plus industrialisés. Cependant, à mes yeux, c’est le seul moyen d’arriver préserver l’environnement et de permettre à la Terre de nous supporter, pour l’avenir!

C’est donc une vision, un rêve… un espoir! Et il commence par le voyage qui ouvre les yeux et la coopération qui développe l’amitié.

Bilan de mi-mandat!

Lima, Comas, Zone d’étude de la Alborada
30 juin 2008

Eh oui, nous sommes déjà à mi-mandat! C’est donc un excellent moment pour faire le point sur le projet, ce que nous avons réalisé et ce que nous réaliserons.

Jusqu’à présent, pleins de péripéties. Bien sûr, on s’y attendait, mais elles surprennent toujours! Tout d’abord, la municipalité croyait que nous étions au Pérou pour étudier, et non pour travailler. Donc, elle nous cachait volontairement des données sur les caractérisations existantes puisqu’elle pensait que c’était notre objectif académique de refaire un diagnostic! Évidemment, aussitôt que nous nous sommes aperçus de cette mésentente, nous avons réexpliqué le but de notre stage sur le plan de la maîtrise.

Puis, ce qui devait être une caractérisation d’une future zone écologique et de réaliser un plan d’intervention et d’aménagement c’est finalement transformé en une évaluation de l’environnement en général dans les endroits les plus critiques de la zone de la Alborada. Pour ce faire, nous avons visité et caractérisé toutes les « aires vertes ». De plus, depuis une semaine, nous échantillonnons la population sur les thèmes de l’eau, des déchets, des maladies et diverses problématiques de contaminations. Nous profitons aussi de ce contact privilégié pour donner des petits pamphlets sur l’environnement et les bonnes pratiques à réaliser. Bilan à présent, sur les quelques parcs existants, certains sont bien entretenus et d’autre sont tout simplement un bout de terre avec quatre poteaux faisant office de but de football! Au niveau des services essentiels, la plupart des habitations sont desservies au moins quelques heures par jour par le service d’eau, les autres s’alimentent avec des puits, ce qui est un problème puisque la nappe phréatique est contaminée par toute sorte de sources (huile à moteur, acide de batterie, matières fécales, etc!). De plus, ceux qui ne sont pas alimentés par le réseau de distribution d’eau ne le sont pas non plus pour les égouts. Ils jettent donc leurs eaux sales directement dans la rue et font leurs besoins… dans la nappe phréatique!

Pour ce qui nous reste à faire, eh bien il y a deux volets. Premièrement, nous devons terminer notre collecte de donnée, puis faire un rapport de l’état de situation et donner des recommandations pour l’amélioration l’environnement. Nous devons aussi établir une série d’indicateurs, qui seront par la suite utilisés pour faire un suivi de la situation. Deuxièmement, nous partons dans deux semaines et ce, pour deux semaines, pour Quillabamba, dans la vallée sacrée des Incas près du Machu Picchu. Cela dans le but de discuter avec les dirigeants locaux de leurs besoins en environnement et de ce que pourraient apporter les étudiants de la maîtrise en environnement.

Voilà donc où nous en sommes! Aussi, pour réaliser ce qui reste à faire, il nous reste un peu plus d’un mois. Nous terminons notre mandat le 9 août.

Trujillo et la côte nord des Moches

Trujillo, Vallée du Moche, département de la Libertad
21 - 22 juin 2008

Jadis le siège de la civilisation Moche, puis des Chimus qui suivirent, Trijillo fut aussi un haut lieu de commerce au Pérou lors de la colonisation par les conquistadors. En effet, la ville, bordée par le désert et l’océan, est balayée par la chaleur, mais est alimentée en eau par des cours d’eau. Ainsi, l’agriculture y était, et y est toujours, développée.

Ce sont tout d’abord les Moches, il y a deux mille ans, qui créèrent un réseau de canalisation qui permit de l’irrigation. Sept cents ans plus tard, les Chimus reprirent ce système et l’améliorèrent. Prospère, cette région fut d’ailleurs l’une des dernières à tomber aux mains des Incas lors des invasions.

Aussi, contrairement à d’autres lieux où les conquistadors ont tout rasé et où il ne subsiste que des poussières des temps anciens, il persiste toujours une grande quantité de sites, notamment Chanchan, figurant sur le palmarès du patrimoine mondial, ainsi que les Huaca del Sol et de la Luna, deux sites merveilleux qui figureront surement sur ce palmarès un jour.

Ainsi, Chanchan était une forteresse au cœur de la ville et le chef-lieu de la haute bourgeoisie du temps des Chimus. Elle y intégrait des quartiers résidentiels, des places publiques pour les cérémonies et même, une lagune artificielle creusée dans le sol et où l’eau jaillissait de la nappe phréatique! Le site est tout simplement… immense. Fait intéressant à noter, les Chimus, de même que les Moches, construisaient leurs bâtiments avec du bois, et des briques d’adobe, mais sans un agencement ordonné. Ainsi, ces derniers résistaient mieux aux tremblements de terre que les constructions espagnoles!

Bien sûr, on ne peut passer outre la Huaca de la Luna. Ce site, de la civilisation Moche, est splendide et surtout, est encore en cours de fouilles. De plus, puisque le site était presque entièrement enseveli dans les sables, il s’est magnifiquement conservé. On voit même les couleurs originales sur certains murs! Mais tout d’abord, il faut souligner deux choses. Premièrement, Huaca signifie temple. Deuxièmement, les noms Huaca de la Luna et Huaca del Sol sont des noms donnés par les Espagnols. En effet, ceux-ci ne différenciaient pas les cultures avec celle des Incas. Ils pensaient donc que ces temples servaient pour la vénération du soleil et de la lune, ce qui n’était point le cas. La Huaca de la Luna servait de lieu de culte pour une divinité mythique à caractère animal, et la Huaca del Sol était le centre administratif! Aussi, la Huaca de la Luna était édifiée en pyramide et a évolué au fil du temps. Ainsi, à chaque nouveau chef, les Moches élargissaient la base et ajoutaient un étage. Les archéologues ont jusqu’à présent compté six étages.

Dernière chose, l’ensemble des sites rassemblait probablement plus de 60 000 personnes, dont la partie administratrice vivait entre les deux Huacas.